Vous pensiez que tout ce que vous publiez sur Internet allait vivre éternellement, comme un tatouage numérique indélébile ? Spoiler : non. Le web, malgré son apparente robustesse, est en fait d’une fragilité touchante, presque poétique. Chaque jour, des morceaux de notre mémoire collective s’envolent, pixel après pixel… et personne ne semble vraiment s’en rendre compte.
38% du web de 2013 a déjà disparu
Une étude menée par le Pew Research Center a mis en lumière une vérité glaçante : près de 4 pages web sur 10 de 2013 ont disparu. Elles ne sont pas parties en vacances. Elles ont été effacées, déplacées, ou tout simplement avalées par le néant numérique.
Et c’est loin d’être un cas isolé : 25% des pages publiées entre 2013 et 2023 ne sont déjà plus accessibles. Leur contenu ? Perdu à jamais, comme ces clés USB qu’on retrouve 10 ans plus tard… vides.

Source ; https://www.pewresearch.org/data-labs/2024/05/17/when-online-content-disappears/
Les liens morts, un fléau silencieux
Mais ce n’est pas que les pages entières qui s’en vont : ce sont aussi les liens, ces ponts essentiels entre les îles de savoir du web. Aujourd’hui, 23% des liens dans les sites d’actu et 21% sur les sites gouvernementaux vous envoient vers… rien. Page introuvable. 404. Nada.
Même Wikipédia, pourtant gardienne de la connaissance libre, souffre : plus d’un article sur deux contient au moins une source morte. Oui, vous avez bien lu. Plus de la moitié.
Sur Twitter (alias « X », pour ceux qui suivent Elon dans ses délires branding), la disparition est encore plus rapide. 20% des tweets disparaissent en quelques mois. Et pour les tweets en turc ou en arabe ? Plus de 40% volatilisation en trois mois. Effacement express garanti.
Souvent, c’est parce que les comptes sont devenus privés, suspendus ou supprimés. D’autres fois, c’est juste un utilisateur qui s’est dit : « Oups, j’aurais peut-être pas dû tweeter ça à 2h du mat’ après deux verres de rosé. »
Internet Archive : les pompiers de l’histoire numérique
Heureusement, des héros sans cape comme la Wayback Machine de l’Internet Archive font de leur mieux pour sauvegarder le web avant qu’il ne disparaisse dans les limbes numériques.
Mais soyons honnêtes : le web grandit plus vite qu’il ne peut être archivé. Et maintenir une copie éternelle de tout, c’est un défi technique, logistique et éthique digne d’un blockbuster de science-fiction.
C’est d’ailleurs ce type de sauvegardes qui servent à gaver nos IA bien aimées.
Alors, que pouvons-nous faire ?
À notre échelle, on peut faire un peu de résistance :
- Sauvegardez régulièrement vos contenus (non, un cloud n’est pas une sauvegarde… c’est un autre ordi quelque part chez quelqu’un d’autre).
- Archivez vos articles favoris. Oui, même ce vieux tuto de 2015 que vous consultez tous les deux ans.
- Et surtout, signalez les liens morts : ça ne prend que quelques secondes, mais c’est un acte de civisme numérique 💪
Car le web, c’est notre patrimoine commun. Et chaque page perdue, chaque lien brisé, c’est un petit morceau de notre mémoire qui s’efface.
Perso, je fais de mon mieux : mes vieux contenus sont encore là, même s’ils sont parfois aussi périmés qu’un yaourt de 2012. Mais au moins, ils existent.
Oui, le web est en train de s’effacer, tranquillement mais sûrement. Non, ce n’est pas une fatalité. Oui, on peut faire quelque chose.
Et la prochaine fois que vous tombez sur une 404… ayez une petite pensée pour tous ces contenus oubliés, disparus mais pas sans importance.




